La Roche-Chalais est une commune française située dans le département de la Dordogne, en région Nouvelle-Aquitaine.
La Roche-Chalais est la commune la plus à l'ouest de la Dordogne (à Saint-Michel-de-Rivière). Elle est située sur la Dronne et est limitrophe avec la Charente-Maritime et la Gironde.
Le méridien de Greenwich traverse la commune, à l’ouest du centre-ville.
Avec près de 90 km2, c'est la commune la plus étendue de Dordogne.
Au Ier siècle av. J.-C. les légions de César envahissent le Périgord couvert à l'époque par l'immense forêt, la Sylva EdobolaNote 1 citée dans les « Commentaires » de César ; elles ouvrent les premières voies de communication.
Au VIIe siècle les Sarrasins venant du sud remontent en la pillant la vallée de la Dronne ; Charles Martel et le duc d'Aquitaine arrêtent les Maures à Poitiers en 732 ; le prince franc veut alors s'emparer de l'Aquitaine. Une longue guerre s'ensuit qui verra la mort de Waïfre, duc d'Aquitaine, et le rattachement de la province au domaine royal.
La Motte Note 2 de Vaudu, sur la commune de Saint-Michel-l’Écluse, serait, si l'on en croit une solide légende, le tombeau du duc Waïfre, défenseur des libertés d'Aquitaine au VIIIe siècle.
L'histoire du modeste bourg de La RocheNote 3, quelques maisons autour d'un château sur un éperon rocheux dominant la Dronne, reste muette jusqu'au XIIIe siècle. La châtellenie dépend alors de celle plus importante de Chalais, fief des Talleyrand ; elle appartenait à trois provinces, le Périgord, l'Angoumois et la Saintonge - les deux tiers du bourg s'étendaient en Périgord mais le castel était en territoire saintongeais ! La juridiction du seigneur couvrait sept paroisses (Saint-Michel-de-Rivière, Léparon, le Bost, Saint-Aigulin, Labarde, Boscamnant et Saint-Sicaire).
En 1407 les Anglais occupent le château qui est repris en 1451 par le roi de France Charles VII ; François de Talleyrand est alors seigneur de Chalais et de La Roche.
La châtellenie sera détachée de celle de Chalais au XVe siècle ; le château de La Roche est un lieu d'importance quand Isabeau de Talleyrand épouse en 1470 Jeannot de Lannes, vicomte de Belhade, dans les Landes. Est-ce à cette époque que l'on a rajouté « Chalais » au nom de la seigneurie de La Roche ?
Au XVIe siècle les LannesNote 4, barons de La Roche-Chalais, entrent dans le clan de la Réforme. Jean de Lannes doit se réfugier à Genève, ville du calvinisme, où il meurt ; son fils Guy-Odet de Lannes (1545-1605) fait du château une place forte du protestantisme, un lieu de résistance que Blaise de Monluc, lieutenant général du roi en Guyenne, réduira en prenant le village et en incendiant le castel en 1568, lors des troisièmes guerres de religion ; Monluc y installe une garnison, massacre les troupes protestantes et fait emprisonner au fort du Hâ de Bordeaux Guy-Odet de Lannes qui sauvera sa tête contre une énorme rançon versée à Monluc. En 1574 les calvinistes chassent du château les troupes de Monluc.
En 1587, lors de la bataille de Coutras opposant les troupes des Huguenots d'Henri de Navarre aux soldats catholiques du duc de Joyeuse et de La Trémouille, La Roche-Chalais sera successivement occupée par les deux adversaires, la victoire finale revenant au roi de Navarre.
Le fils de Guy-Odet, Charles de Lannes (vers 1592-1651) se titre marquis de La Roche-Chalais et devient baron de l'importante châtellenie du Cubzaguais. Une alliance ultérieure des descendants au XVIIe siècle avec les La Tour du Pin3, comtes de Paulin, attribue le marquisat de La Roche-Chalais à cette famille propriétaire du château du Bouilh à Saint-André-de-Cubzac.
Louis XIII loge au château en 1615 lors de son voyage à Bordeaux pour y épouser Anne d'Autriche, mais les seigneurs de La Roche-Chalais n'habitent plus le castel ; les bâtiments servent de casernements aux petites garnisons qui passent régulièrement pour maintenir l'ordre aux frontières des trois provinces, l'Angoumois, la Saintonge et le Périgord.
Des actes anciens attestent une importante activité économique autour de La Roche-Chalais aux XVIe et XVIIe siècles : une fabrique de tapisseries et un moulin à papier dont la production était importante ; il fonctionnait en dessous du château, sur l'emplacement actuel de l'île Faydeau4.
Foyer actif du calvinisme, La Roche-Chalais va subir pendant deux siècles les pressions de l'autorité royale pour revenir à l'orthodoxie catholique romaine. Les protestants se réunissent en secret d'abord à Champion, près de La Vêque, puis au Désert de Jarnicot, près de Parcoul.
Après une relative paix religieuse jusqu'en 1755, le Parlement de Bordeaux commence alors des persécutions sur la communauté protestante : poursuites, bannissements, condamnations aux galères, interdiction d'exercer sa profession ... L'apaisement ne vint que vers 1780.
Jean de La Tour du Pin abjure le protestantisme ; son fils Jean-Frédéric (1727-1794), qui sera ministre de la Guerre de Louis XVI avant la nuit du 4 août, et guillotiné en 1794, entreprend en 1759 la démolition du château de La Roche-Chalais, compte tenu de l'abandon, du délabrement, du coût des travaux à effectuer… et de l'endettement du lieutenant-général. Avec l'abolition de la féodalité, il fut donc « le dernier marquis de La Roche ».
Le fils du précédent, Frédéric-Séraphin de La Tour du Pin-Gouvernet (1759-1837) fait vendre tout ce qui reste des biens du marquisat : terrains, bâtiments, moulin, et en particulier la « terrasse du château » sur laquelle il cède en 1806 à la municipalité le terrain pour y construire la première église de La Roche. L'émiettement du patrimoine nobiliaire durera jusqu'en l'an X.
À la veille de la Révolution, la situation de La Roche-Chalais et de sa châtellenie est toujours celle d'un gros bourg à la frontière entre trois provinces, Guyenne (Périgord), Angoumois et Saintonge, deux gouvernements militaires, ceux de Bordeaux et de La Rochelle, deux élections, celles de La Rochelle et de Périgueux, deux évêchés, et à cheval sur trois généralités.
Le décret révolutionnaire du 26 janvier 1790 crée, dans le district de Ribérac, le canton de La Roche-Chalais alias canton de Réunion de Dronne comprenant les paroisses de Saint-Michel-les-Cluses, Léparon, Saint-Sicaire, Puymangou et le Bost. Deux communes en font partie en 1791 : au nord, le Petit-Saint-Aigulin qui allait jusqu'à Balan et Rabouin et au sud, une commune qui reprenait l'ancienne paroisse de Saint-Michel-de-Rivière ; cette dernière porta, au cours de la période révolutionnaire de la Convention nationale (1792-1795), le nom d'Ami-des-Lois5.
Le 6 Nivôse An III (26 décembre 1794), les deux communes sont réunies sous le nom de La Roche-Chalais ; le premier maire en est Jean-Pierre Trigant-Gautier le 27 Floréal An XII (mai 1804). En juillet 1808 le conseil municipal demande le changement de nom en proposant… La Roche-Napoléon.
Sous le Concordat, La Roche-Chalais devient paroisse ; une souscription municipale (1806) permet la construction de la première église sur l'emplacement de l'ancien château. Le sanctuaire, dédié à… saint Napoléon (!) (il devient Notre-Dame de l'Assomption en 1815) possède une façade triangulaire soutenue par quatre colonnes ; la nef est lambrissée et peinte, sous une charpente « la plus belle et la plus hardie que l'on verra dans le département » écrit le maire de l'époque. Trop petit, le monument sera remplacé en 1868 par l'église actuelle, de style néogothique, et consacré le 7 septembre 1872 par l'évêque de Périgueux.